Page:Tinayre - Madeleine au miroir.djvu/17

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une promesse de joie. Je pensais : « Que va-t-il m’arriver ici ? » et c’était une espérance confuse et merveilleuse…

À trente-cinq ans, veuve, mère d’un grand fils et d’une grande fille, j’ai conservé, à travers tout, une certaine fraîcheur d’âme, mais je ne dis plus avec l’accent du désir : « Que va-t-il m’arriver ?… » Je dirais plutôt : « Pourvu qu’il ne m’arrive rien !… »

Pourtant, je me sens jeune encore… La vieillesse, c’est l’usure. Je ne suis point usée, quoique j’aie souffert dans mon âme et dans mon corps. Trente-cinq ans ! ce n’est pas le déclin de ma journée, c’est le plein midi qui se prolonge, l’épanouissement de la femme à son apogée, la floraison large de la rose à peine mûre… Je n’ai pas vieilli vite, parce que j’aime la vie, parce que je suis gaie, courageuse et volontairement optimiste, peut-être parce que j’ai gardé ma santé de jeune fille, l’équilibre de mes nerfs et de mon humeur.

… Volets ouverts, dans la clarté matinale, qui bleuit les stores blancs entre les lourds rideaux jaunes, vêtue d’un peignoir souple,