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Page:Tinayre - Notes d une voyageuse en Turquie.djvu/115

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ET DE RÉVOLUTION

— Nous n’étions pas étonnés qu’Abdul-Hamid fît massacrer des gens. Il était dans son rôle de tyran. Mais les Jeunes-Turcs, que nous avons aimés et admirés, doivent clore la série rouge… Ou bien, nous ne les aimerons plus du tout.

Du bruit dans la rue… C’est une batterie qui passe… Des gamins courent en agitant les derniers suppléments des journaux… Déception… On déclare que rien n’est fait, que l’Assemblée délibère toujours, et qu’aucune décision ne sera prise avant demain midi…

Alors, l’Américaine se remet au piano, l’Arménien fredonne tristement le refrain de la chanson nègre, les familles grecques déplorent les retards qui les obligent à vivre la coûteuse vie d’hôtel ; la jolie dame de Prinkipo remonte surveiller ses quatre enfants, et je m’en vais faire la sieste dans ma chambre.

Mais, à peine m’y suis-je installée, que je reconnais le grand fracas sourd, la voix déjà familière du canon… Un coup… deux coups… Au sixième, plus de doute ! C’est la salve annonciatrice. Vite, je prends un chapeau, et