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JOURS DE BATAILLE

je sors, par la rue de Péra où des gens arrêtés écoutent, osant à peine croire leurs oreilles.

Il n’y a personne à l’ambassade, personne au consulat. Les terrasses sont inaccessibles. Mademoiselle Ledoulx m’invite à monter… au grenier, où sont déjà réunies les servantes et une aimable demoiselle de Péra. Nous apercevons des morceaux du Bosphore, des coins de ville, une fumée blanche qui se mêle aux fumées noires des vapeurs…

Je propose de prendre une voiture et d’aller à Stamboul. La demoiselle de Péra se laisse tenter. Nous redescendons ensemble. Dans la ruelle en pente qui conduit à l’ambassade, les bleus de Salonique, les cadets de Pancaldi, les matelots du stationnaire, crient de joie et s’embrassent… Il y a un petit cadet de dix-sept ans, assis sur une chaise, qui tient son fusil entre ses genoux et le tapote amoureusement, comme une bête vivante, un bon chien. Il nous regarde, rit, et dit en français :

— C’est avec ça, avec ça !…

Une vieille dame vénérable s’approche du