matin, à dix heures, par la lecture de dépêches innombrables, venues de tous les coins de l’Empire et réclamant la déposition d’Abdul-Hamid. La question de la déchéance fut mise aux voix ; mais pour conserver à l’acte toute sa valeur légale et le rendre conforme aux prescriptions du Chériat islamique, une délégation fut envoyée au Cheik-ul-Islam. Cette délégation ramena le Cheik-ul-Islam lui-même, accompagné de son chancelier qui apportait le décret de déchéance.
Le mécanisme même de la déposition explique les retards étranges qui nous avaient inquiétés. Le Sultan, ayant une double autorité de souverain et de chef religieux de l’Islam, ne peut être détrôné par un simple vote du Parlement. Si la nation rejette le souverain, il faut d’abord que le clergé mahométan ait rejeté le calife pour des raisons d’indignité ou d’incapacité. C’est ainsi qu’en août 1876, le sultan Mourad V fut déposé par un fetva « parce qu’il souffrait depuis son avènement au trône, d’une maladie sans espoir de guérison ».