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Page:Tinayre - Notes d une voyageuse en Turquie.djvu/143

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CHOSES ET GENS DE PROVINCE

rafraîchir avec du thé brûlant. Passé Kutchuk-Tchekmedjé, les villages se font rares, la mer s’éloigne, et les grands plateaux de Thrace ondulent sous l’implacable soleil.

Il n’est pas beau, ce pays de Thrace, mais au déclin du jour, une espèce de charme triste se révèle dans ces étendues infinies, faiblement vallonnées, couvertes de broussailles et de tout petits chênes qui ont encore leur feuillage d’automne, couleur de cuivre. Aussi loin que voient nos yeux, sur les pentes indécises et les vagues plateaux, c’est toujours la même broussaille, toujours les mêmes petits chênes, la même nuance uniforme de cuivre fané où, parfois, s’effeuille le bouquet pâle et rose d’un arbrisseau, d’une aubépine fleurie.

Pendant des lieues et des lieues, pas une maison, pas un être humain, le désert, le silence, les nuages du soir qui sont venus, on ne sait comment, dans le ciel pur, et qui traînent des ombres violettes. Le soleil les frappe à revers, et cerne leurs crêtes grises d’un fil écarlate… Les seules créatures ani-