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Page:Tinayre - Notes d une voyageuse en Turquie.djvu/144

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CHOSES ET GENS DE PROVINCE

mées sont les bêtes tapies, qu’on ne voit pas, et l’aigle qui plane, contre le couchant, et décrit des cercles, avec ses larges ailes… Enfin, des chaumes se lèvent, aux plis du sol moins aride que féconde un petit ruisseau, et qui nourrit un peu d’orge verte et de maïs. C’est presque un hameau de France, un hameau perdu dans les landes bretonnes, sur les hauts plateaux corréziens, et le minaret de la mosquée est humble et touchant comme un clocher de village… Des troupeaux se hâtent vers le bercail, mais le berger qui s’arrête, pour regarder le train, ne ressemble pas du tout à nos bons pastours, engoncés dans leur limousine. Il est un peu brigand d’aspect, ce berger, avec son turban noir, sa ceinture, ses jambières et son grand fusil.

Et les passants qu’on aperçoit, très rarement, sur les chemins aux terribles ornières, ont, comme les bergers, un fusil sur l’épaule… Le pays n’est pas sûr. Des postes de gendarmes, échelonnés, gardent la voie. C’est par ici qu’une bande audacieuse arrêta l’Orient-