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Page:Tinayre - Notes d une voyageuse en Turquie.djvu/153

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CHOSES ET GENS DE PROVINCE

» Alors, des officiers, un peu grisés par l’enthousiasme, furent pris d’une folie démocratique et égalitaire ! Ils arrachèrent les galons et les boutons de leurs uniformes, afin de ressembler mieux à leurs frères les soldats. Ils montèrent sur des bornes et crièrent, en tapant sur leur sabre :

» — Le Sultan n’a rien donné du tout ! La liberté, nous l’avons prise avec ça !…

» Ils disaient la vérité, et c’est très dangereux de dire la vérité aux gens qui ne sont pas préparés à l’entendre… Les soldats, travaillés par les prêtres, commencent à murmurer. Trois jours après cette algarade, ils malmènent les officiers. La ville est au pouvoir des rebelles…

— Mais c’est l’émeute du 13 avril que vous me racontez là ?

— Presque… Les mêmes causes eurent les mêmes effets, à Andrinople et à Constantinople, en août 1908 et en avril 1909. Mais ici, ce fut une petite, toute petite rébellion… Voilà nos mutins maîtres de la ville ; ils ne font