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Page:Tinayre - Notes d une voyageuse en Turquie.djvu/169

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CHOSES ET GENS DE PROVINCE

« dames » ; ce sont des femmes, de pauvres femmes du peuple. De loin, toutes ont le même aspect, sous le tcharchaf obligatoire, véritable uniforme démocratique.

Des soldats se tiennent à l’écart, et, par respect, évitent de regarder ces femmes, et le cavass, qui nous précède, baisse les yeux, en honnête musulman. Mais les femmes nous considèrent sans surprise, avec amitié, avec, peut-être, un peu d’ironie. De jolis enfants parés de colliers en perles bleues — ce sont des porte-bonheur et l’on en met jusque sur le frontail des buffles, jusqu’au collier des chevaux — de jolis enfants aux pieds nus, aux faces rondes, aux prunelles sombres, se rejettent vers leurs mères, quand nous approchons. Je veux caresser le plus joli, le plus petit, qui marche à peine, mais la maman lui cache la tête dans son tcharchaf et me crie une phrase qu’Hussein traduit malaisément, et qui signifie à peu près : « Il n’est pas malade… Ne le regarde pas. Il faut qu’il vive et qu’il grandisse !… »

En Orient, toutes les mères dérobent ainsi