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Page:Tinayre - Notes d une voyageuse en Turquie.djvu/170

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CHOSES ET GENS DE PROVINCE

leurs très petits bébés au regard des inconnus. Elles redoutent le mauvais œil…

Nous avons descendu la colline et traversé la prairie. Les femmes, sur la pente, parmi les pierres, ressemblent davantage encore à des corbeaux posés, à des pies qui ne sautent pas et ne jacassent pas… Nous revoici dans la ville, dans le quartier du konak, et nous longeons un bâtiment maussade, qui a des soupiraux grillés à ras de terre.

C’est la prison. Un chant tremblote et bourdonne dans l’espèce de cave qui prend jour par ces soupiraux. Nous nous penchons pour voir… Les sentinelles du poste nous laissent faire. Le cavass impose la déférence due à des Européennes, femme et belle-sœur de consul. Nous distinguons, dans la pénombre, des hommes étendus ou assis sur leurs talons, un autre, debout, qui chante, en tapant à contretemps sur une casserole, et quatre gaillards qui dansent, enlaçant, entre-croisant, levant leurs bras, frappant du talon… Eux aussi célèbrent la fête, l’avènement de Mahomet V…