— Elles vous quittent à treize ans ?
— Presque toujours. À quatorze ans, on les marie.
— Et quand elles sont mariées, elles ne lisent plus et elles oublient ce que vous leur avez enseigné ?…
— Tout dépend de l’homme qu’elles épousent. Mais elles ont un bon souvenir de nous et sont très reconnaissantes.
— En Europe, il n’y a pas bien longtemps, une femme de bonne famille ne pouvait travailler sans déchoir. Aujourd’hui, un très grand nombre de femmes vivent indépendantes, et, même mariées, gagnent leur vie. Est-ce que vous les croyez heureuses ?
La question, traduite par madame P…, fait sourire les jeunes institutrices, et la directrice répond avec vivacité :
— Nous gagnons notre vie, nous, et nous en sommes fières… J’ai à peu près cent francs par mois, et les maîtresses adjointes trente… Ce n’est pas beaucoup, mais les autres femmes, — celles qui ne sont pas abêties, — nous