Aller au contenu

Page:Tinayre - Notes d une voyageuse en Turquie.djvu/191

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
177
CHOSES ET GENS DE PROVINCE

les plus fertiles de la région. Une route, creusée d’ornières profondes, raie obliquement les coteaux, traverse la plaine, aboutit à la grande porte. On voit, de loin, revenir vers cette porte, sur la route unique, les chariots attelés de buffles gris, chargés de bois feuillu en masse verte. Dans un pli du ravin, les Karagachanes ont dressé leurs huttes.

Ils nous attendent, là-bas. Avant de visiter leur campement, nous nous sommes arrêtés près du ruisseau qui s’élargit sous les saules, pour regarder les laveuses. Elles sont quatre, deux vieilles et deux jeunes, vêtues de toile rouge et brune dont les couleurs rappellent certains beaux papillons des bois. L’aïeule, dont la chemise entr’ouverte découvre le cou granuleux et la gorge de sorcière, nous fait un salut amical et nous indique la direction du village.

Un village ? Un rucher, plutôt… Au détour de la route, entre deux pentes herbues qui l’abritent, il cache ses quelque douze huttes coniques et blondes, percées d’une seule ouver-