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CHOSES ET GENS DE PROVINCE

de la femme laborieuse à l’homme guerrier, mais fainéant…

Je dois dire qu’elles ne paraissent pas bien malheureuses, ces dames karagachanes, et qu’elles considèrent sans émotion de jalousie, peut-être avec dédain, les hommes qui nous accompagnent et qui nous témoignent une courtoisie, pour nous toute naturelle, pour elles bizarre et choquante… Debout devant les huttes, elles tiennent par la main ou sur le bras, leurs enfants vêtus comme elles. Vieilles et jeunes, femmes et filles, sont belles, par la noblesse de leurs traits réguliers, simples, à peine plus expressifs que les traits des cariatides. Deux ou trois ont un admirable type éginétique, des yeux presque trop grands, le nez droit, la bouche en arc, dédaigneuse et triste, l’ovale un peu court, des tempes larges de Méduses sous les serpents tressés de leurs cheveux. Leurs nattes rudes, aux reflets d’acier bleuâtre, ramenées sur le front, s’y croisent, s’y enlacent, sous un voile de laine couleur de sang séché. Des boucles d’argent, des pende-