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Page:Tinayre - Notes d une voyageuse en Turquie.djvu/194

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CHOSES ET GENS DE PROVINCE

jeunes beaux comme des demi-dieux, avec cet air noble que donne la vie nomade et libre. Leurs yeux ne se détournent pas des nôtres, mais leur regard n’est pas insolent, à peine curieux.

Les femmes, plus sauvages, reculent quand nous avançons. Le chef nous fait visiter quelques huttes… Dans le noir, on distingue des tapis, des armes, des ustensiles de cuisine, un métier à tisser, très primitif, un berceau en bois, une forme de femme accroupie, immobile…

Ce sont les femmes qui ont édifié ces maisons de paille, fabriqué ces objets indispensables, tissé et brodé les vêtements. Elles font tous les ouvrages domestiques et même les travaux de culture, car les hommes, jaloux de leur dignité virile, ne consentent qu’à porter le fusil et à garder les troupeaux. Frelons armés, courageux, mais frelons, que nourrissent, abritent et servent les brunes abeilles résignées et industrieuses. C’est la loi de nature, l’exploitation du faible par le fort, l’asservissement