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Page:Tinayre - Notes d une voyageuse en Turquie.djvu/203

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CHOSES ET GENS DE PROVINCE

dans la prison, au rythme des casseroles, remplaçant le tambourin.

Quant au grand Tchélébi, j’ai peu de chance de le rencontrer jamais… Ce personnage, de vieille race noble et presque royale, est comme le général des derviches turcs. Il a le privilège de porter un bonnet de feutre, trois fois plus haut que le bonnet ordinaire, et c’est lui seul qui peut « investir » le Sultan du fameux sabre d’Eyoub. Cette investiture, dans la sainte mosquée interdite aux chrétiens, équivaut au sacre des anciens rois de France, à l’onction du chrême dans la basilique de Reims.

À défaut du grand Tchélébi, j’ai vu, hier, les derviches tourneurs d’Andrinople, qui n’opèrent pas comme ceux de Péra, devant un public de touristes et tournent humblement pour le seul amour de Dieu… J’avais une méfiance et une répugnance singulières de ces pauvres derviches ! Je me souvenais d’être entrée, une fois, à Stamboul, dans un petit tekké de hurleurs et de m’en être enfuie avec dégoût. Le gardien m’avait placée dans le harem,