Page:Tinayre - Notes d une voyageuse en Turquie.djvu/213

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
199
CHOSES ET GENS DE PROVINCE

elle commence à remuer frénétiquement sa croupe, ses seins flasques, son ventre obscène…

L’auditoire, enthousiasmé, l’excite en battant des mains… La mimique se précise… Les chanteurs s’égosillent… La mariée, cependant, demeure muette, pâle sous sa poudre et ses rosaces de diamants… Elle songe à quoi ?…

J’en ai assez. Je veux m’en aller… Mais comment, sans impolitesse, déranger la danseuse, les musiciens, et toutes ces femmes ? Elles veulent être aimables. Elles nous sourient… Ma voisine, d’un geste gentil, écarte le manteau qui me suffoque et considère ma robe de crêpe turquoise, la brassière Empire, qui a des dessins légers en soutache d’or, et elle dit naïvement :

— C’est des écritures turques que tu as sur la poitrine ?

Elle ne sait pas lire, évidemment. Ces soutaches l’intriguent beaucoup. Curieuse comme les Karagachanes, elle tâte l’étoffe soyeuse, la