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Page:Tinayre - Notes d une voyageuse en Turquie.djvu/228

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PREMIERS JOURS

la foule qui piétine et crie, joyeuse, sur la place Karakeuy, où notre automobile s’est arrêtée. Sa Majesté Mahomet V va ceindre le sabre d’Osman.

Un policier se dresse :

Yassak !

On n’avance plus. Le pont est coupé par le milieu pour livrer passage à la flottille impériale, — mouches à vapeur et calques à rames, — qui, bientôt, quittera Dolma-Bagtché sur le Bosphore et remontera la Corne d’Or jusqu’au débarcadère d’Eyoub. Impossible de gagner l’autre rive. Il faut attendre, sous le dur soleil d’onze heures, dans cette voiture que déjà la foule assiège comme un objet de curiosité.

Le représentant de la maison française qui a mis l’automobile à notre disposition, donne des signes de folie. Ce gros garçon bourru, arrivé le matin même avec sa femme étonnée et résignée, incarne le type du Parisien des faubourgs, qui peut voir les merveilles du monde sans cesser un instant de regretter Vaugirard et le petit café du coin où l’on joue à la