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Page:Tinayre - Notes d une voyageuse en Turquie.djvu/229

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D’UN NOUVEAU RÈGNE

manille. Ah ! celui-là se moque bien des minarets et des coupoles, et des Jeunes-Turcs et des Vieux-Turcs !… Il est incapable de regarder autre chose que la route, bonne ou mauvaise pour l’auto, et toute sa conversation consiste à énumérer les endroits où l’on mange bien et les endroits où l’on mange mal.

Vainement, nous lui expliquons que la Turquie n’est pas la France et qu’une automobile, à Stamboul, est encore aussi extraordinaire et passionnante que serait un aéroplane sur la place de l’Opéra. Il ne peut supporter la familiarité des gens qui éprouvent, d’un doigt timide, la résistance des pneus. Toutes les minutes, depuis que nous stationnons, il se dresse, blême de colère, et avec un accent gras de gavroche, il interpelle, canne levée, les voyous grecs, les portefaix, et même les honnêtes musulmans en robe rayée ou en redingote :

— Va donc, hé ! saloperie ! (sic)

Nos compagnons, — deux journalistes français et un jeune avocat de la Banque ottomane, — lui conseillent plus de modération :