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Page:Tinayre - Notes d une voyageuse en Turquie.djvu/235

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D’UN NOUVEAU RÈGNE

consigne, supposent que nous sommes quelque chose de très grand au pays des giaours, et nous saluent aussi, consciencieusement.

La place Bayazid, l’énorme mosquée aux dômes pâles, ceinte de pigeons tournoyants, les platanes d’un vert tendre, la porte mauresque et les deux pavillons du Séraskiérat… Ici même, quinze jours plus tôt, j’ai vu passer les imprimeurs suspects, menottes aux poignets et le vieux hodja à barbe fleurie, qu’on soutenait par les coudes. Même heure, même cadre, même lumière tombant en pluie de flamme blanche, même houle humaine. L’auto s’est arrêtée dans l’axe de la porte principale, et tout de suite, des gens sur la capote, sur les marchepieds, entre les roues… Ainsi les insectes du sable pullulent sur le marsouin échoué. Devant nous, il y a un bel arc de triomphe tout de verdure et de calicot rouge, historié d’inscriptions en or, autour duquel sont massées les délégations des imams libéraux, une centaine de vénérables bonshommes en robe verte