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PREMIERS JOURS

l’affiche et du programme déconcertèrent un peu notre œil étonné. Μαμζλ Νιτους, que l’on prononce ici avec un zézaiement puéril, c’était notre Mamz’elle Nitouche.

Oui, Mamz’elle Nitouche, en grec !… Et combien changée !…

La salle n’était pas brillante, mais elle était très convenable, et beaucoup de familles, en toilettes modestes, occupaient l’orchestre et les balcons. L’élément demi-mondain était rare. En somme, un public sympathique, conquis d’avance, et qui prenait la chose au sérieux. Le sentiment philhellène est si vif, que le fait d’avoir une troupe locale, jouant dans le dialecte local, remplissait les spectateurs de fierté, presque d’émotion.

Mais ces braves gens de Péra s’amusaient beaucoup moins que nous, car, si nous ne comprenions pas un mot, nous savions tous, plus ou moins, de quoi il retournait. Ceux-mêmes d’entre nous qui n’avaient pas vu la pièce, à Paris, se faisaient une idée et une image exacte de Mamz’elle Nitouche, pension-