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JOURS DE BATAILLE

désobéirai pas. D’ailleurs, Moïse, dont il est l’idole, ne me laisserait pas lui désobéir.

— Mais pourquoi ?

— L’armée arrive. Elle est tout près d’ici. On ne le sait pas encore… Alors… il faut attendre… Nous irons à la Tour de Galata seulement, et jusqu’au pont…

L’exode des touristes continue. Elles sont parties, les petites Anglaises, parties les matrones allemandes, parti le monsieur qui ramassa des cartouches. Les douaniers ont repris leurs habitudes de l’ancien régime : ils exigent les passeports et acceptent les backchichs. Des mouchards rôdent autour des gens qui s’embarquent. L’un d’eux m’a suivie, hier, sur le quai, jusqu’à ma voiture. Et dans Galata, on rencontre des centaines de gaillards aux têtes de forbans, aux larges culottes trouées et rapiécées, aux bras nerveux, au chef qu’un tas de guenilles enturbanne… Hamals, débardeurs, portefaix ?… Peut-être… De très honnêtes gens, en ce costume, avec ces moustaches formidables, auraient aisément l’air de bandits…