Page:Tinayre - Notes d une voyageuse en Turquie.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
13
ET DE RÉVOLUTION

Sans rien préjuger, je ne tiens pas à me trouver toute seule en la compagnie de ces personnages pittoresques.

J’ai déjeuné ce matin dans une maison amie, avec un Turc fort spirituel, presque trop spirituel, qui a parlé de tout, sauf de politique. Pourtant à propos de Loti et des désenchantées, il m’a raconté que les revendications des dames turques — revendications parfois imprudentes — avaient servi de prétexte aux ennemis du nouveau régime, pour soulever la colère des fanatiques et des ignorants.

On croit, en Europe, que la révolution de 1908, qui a donné la liberté aux Turcs, a donné aux femmes turques au moins une demi-liberté. On croit que les prisonnières ont presque brisé leurs grilles et leurs entraves ; que le voile n’est plus, pour elles, qu’une coquetterie, et que les eunuques appartiennent au passé, — à la Turquie des opérettes.

Il est vrai que les femmes intelligentes et cultivées — et même celles qui sont peu cul-