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PREMIERS JOURS

femmes où l’on peut. Elles sont dévouées, obéissantes, mais elles n’ont pas d’instruction professionnelle. Ce sont plutôt des servantes que des gardes-malades. Elles gagnent trente francs par mois et leur service est rude. Ah ! nous sommes en retard sur vous !

— Pas tant que ça. Nos infirmières des hôpitaux parisiens ne sont pas mieux recrutées, pas mieux préparées et pas mieux payées… Et trente francs par mois à Constantinople représentent des gages plus importants que trente francs par mois à Paris.

Cette révélation cause une joie visible à la jeune Sélika. Je comprends que l’invincible orgueil turc est flatté par la pensée que la Turquie, si elle n’est pas en avance, n’est pas en retard sur l’Europe, et que nos infirmières de Paris ne sont pas toujours supérieures à celles de l’hôpital Hamidié. Je calme un peu cette joie en expliquant que l’on remédiera bientôt à une organisation défectueuse, que des écoles seront fondées, que les salaires seront relevés, que le métier sera rendu plus hono-