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ET DE RÉVOLUTION

duits. Des dames hardies osèrent sortir avec leur mari ou leur père. Quelques-unes dédaignèrent d’entrer dans la partie du bateau, ou du tramway, ou du funiculaire qui est réservée aux femmes… Enfin les plus lettrées — encore que bien naïves — publièrent des articles dans divers journaux pour affirmer leurs droits à l’instruction et à la liberté. Peine perdue ! La plupart des Jeunes-Turcs sont Vieux-Turcs en ce qui concerne leurs affaires de ménage, et tel farouche révolutionnaire, qui se croit très civilisé, s’affole à l’idée qu’un étranger pourrait voir le visage de son épouse qui a cinquante ans et qui est laide !

Cependant, quelques députés — pas beaucoup — s’intéressaient au sort de la femme. Ahmed-Riza bey voulait organiser l’enseignement féminin, créer un grand lycée de filles dans un konak concédé par le Sultan. Mais ces intentions généreuses furent dénaturées par ses adversaires avec une odieuse perfidie. Les hodjas crièrent au sacrilège. La jalousie est enracinée dans l’âme des Orientaux, et le préjugé reli-