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Page:Tinayre - Notes d une voyageuse en Turquie.djvu/28

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JOURS DE BATAILLE

tivées — ont accueilli la révolution avec un transport de joie et d’espérance. Beaucoup d’entre elles l’avaient servie, cette révolution pacifique, en devenant les messagères anonymes, invisibles et fidèles du Comité Union et Progrès. Quand la Constitution fut proclamée, elles respirèrent ; elles rejetèrent non pas le tcharchaf obligatoire, mais la voilette qui masque les frais visages entre les bords du capuchon.

D’ailleurs le tcharchaf, ce domino de soie ample et non sans grâce, n’en est pas à sa première évolution : depuis longtemps, il subit l’influence de la mode. Quand les robes Empire triomphèrent à Paris, la jupe du tcharchaf remonta presque sous les bras des élégantes de Stamboul ; quand le succès du fourreau s’accentua, la jupe du tcharchaf se rétrécit. Le capuchon-pèlerine diminua jusqu’à n’être plus qu’une mantille, laissant voir les bras jusqu’aux coudes, et la taille jusqu’à la gorge. Le bouffant des cheveux — ô indécence ! — parut s’émanciper sous le bandeau et la voilette relevée… D’autres changements se sont pro-