Page:Tinayre - Notes d une voyageuse en Turquie.djvu/312

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
298
LA VIE AU HAREM

« Yok, hanoum effendim », ou bien : « Ewet hanoum effendim ». Indulgente, la dame de Salonique admire que je sache si bien le turc ! Et elle ne demande que six mois pour m’enseigner cette langue pleine de mystères.

Madame Ange, après le divorce dont elle n’est pas consolée, a quitté la ville lointaine gouvernée par son perfide époux, et s’est installée dans une gentille maison, sur la côte anatolienne. Elle a, pour la servir, un cuisinier arménien, âgé de soixante-dix ans, une petite esclave dont le nom m’est impossible à prononcer, et une très, très vieille femme, sœur de la nourrice de madame Ange, une momie pantalonnée et voilée, et pas civilisée du tout.

Madame Ange veut être toute à la franque. C’est une « désenchantée », bien qu’elle ne ressemble pas aux héroïnes du roman célèbre… Madame Ange n’est pas du tout neurasthénique, pas du tout compliquée : elle est ingénue. On peut avoir de l’intelligence, de la culture, du talent même et de l’ingénuité. Madame Ange qui a une instruction très étendue, qui sait