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LA VIE AU HAREM

récents, de la platitude des jupons. Elle porte même, aux chapeaux, un intérêt platonique.

Un jour, elle me parlait de ses malheurs et s’étendait en considérations philosophiques, quand, ayant passé la main sur mes genoux, elle s’interrompit :

— Je crois, chère amie, que votre robe n’est pas doublée ?

— Non, chère Mélek. Il y a deux ans qu’on ne double plus les robes.

— Comment, il n’y a pas de fond de jupe ?

— Pas de fond de jupe.

— Et moi, j’en ai un, — s’est écriée madame Ange en soulevant sa jupe de soie grise. — J’en ai un, avec des plissés. Oh ! je vais le faire enlever tout de suite !

Elle était contrariée, réellement. Elle avait un fond de jupe, lorsque les Parisiennes n’en portaient plus ! C’était un ridicule intolérable, — et pourtant madame Ange vit seule, et ne voit que des femmes, ses esclaves et son vieux cuisinier ! Elle n’a plus besoin de plaire.

J’ai souri, mais je ne peux pas reprocher à