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LA VIE AU HAREM

Madame Ange, qui, malgré ses légers défauts, est une créature excellente et dévouée, n’a pas été inutile à l’élévation rapide de Djavid Pacha. Après quinze ans de mariage, il lui a préféré une esclave jeune et fraîche, et il l’a renvoyée, sans enfant, presque sans argent. Pas un mot de regret. Pas un attendrissement sur le passé d’amour. Le mépris oriental de la femme a reparu dans ce pseudo-civilisé, dès que la femme est devenue une gêne, un devoir !

J’ajoute que ce divorce a été blâmé par tous ceux qui en ont connu la cause et les circonstances. Plusieurs dames turques, qui ne partagent nullement les idées révolutionnaires et philosophiques de Mélek Hanoum, m’ont dit : — C’est une exaltée, une imprudente. Elle nous a fait un grand tort, à toutes, par ses exagérations. Mais c’est une femme de cœur, et la conduite de Djavid Pacha a été odieuse.

La vie matérielle est simple et, je crois, peu coûteuse, chez mon amie. Sa petite villa, — sur le modèle courant de toutes les villas turques,