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Page:Tinayre - Notes d une voyageuse en Turquie.djvu/336

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LA VIE AU HAREM

amusant… Nous ferons une surprise à mon frère.

Cette idée de déguisement enchante madame Ange et la dame de Salonique. Malgré leurs théories sociales et leur philosophie, elles s’amusent d’un rien, et adorent les plaisanteries, les comédies, les farces de pensionnaires.

Après dîner, madame Ange a fait apporter un tcharchaf. La jupe de soie noire est assez longue, mais trop large à la ceinture ; il faut l’adapter avec des épingles anglaises. L’esclave au nom impossible tient un miroir que sa gaieté mouvementée déplace constamment. Madame Ange pose la voilette noire sur mes cheveux, serre un ruban et dispose le capuchon sur la voilette. Une autre épingle le fixe sous mon menton. La voilette relevée, je me regarde au miroir. Cette petite dame endeuillée, cette espèce de religieuse, c’est mon nouveau moi. Bonjour ! Je suis bien aise de vous connaître, fausse hanoum !

Mes amies sont dans un délire de joie.