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LA VIE AU HAREM

Madame Ange me dit de marcher autour du salon. Et elle s’écrie :

— Non, chère amie, ce n’est pas ça du tout. Vous marchez trop vite. Vous n’êtes pas convenable. Il faut aller à petits pas, en minaudant.

La dame de Salonique défait ses tresses pour la nuit. Elle va coucher dans le salon sur un matelas. L’esclave et Mélek Hanoum se sont transformés en fantômes noirs, et nous descendons. Le vieux cuisinier, portant une énorme lanterne, nous précède.

La nuit est tiède, transparente, sucrée par les acacias. Pas une âme dans les rues. Nous marchons avec une lenteur de canes et je connais enfin les sensations que donne le costume turc. La jupe m’embarrasse ; le tulle baissé m’aveugle. Je maudis les pavés pointus et pose mes pieds avec circonspection.

Madame Ange a relevé son voile. À la campagne, la loi souffre quelques licences. Les dames sortent après le coucher du soleil, et le jour elles s’habillent d’un léger voile blanc et