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Page:Tinayre - Notes d une voyageuse en Turquie.djvu/338

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LA VIE AU HAREM

d’un cache-poussière affreux… Mais je n’ose pas imiter Mélek Hanoum. Si quelqu’un me regardait, je prendrais malgré moi, un air de gravité bête ou j’éclaterais de rire…

Voilà justement le veilleur de nuit. Il passe, lent et pacifique, frappant le pavé de son bâton et le choc régulier se répercute dans la petite ville sonore, dont les maisonnettes semblent vibrer. Jardinets devant les façades, grilles, perrons minuscules, rues plantées de jeunes platanes, on dirait une station balnéaire, un « petit trou » déjà cher, de nos plages du Sud-Ouest français. Les maisons, dans la pénombre, ont un air de faux chalets suisses ou normands et madame Ange, l’esclave et moi, suivant le cuisinier solennel, nous pourrions être trois dames économes qui s’en vont à pied, au Casino, enveloppées de mantes noires en guise de « sorties de bal ».

Pan !… pan !… le veilleur de nuit s’éloigne. Derrière les stores de bois ou de toile, quelques lampes brûlent, mais aucune rumeur, — rire de jeune fille, pleurs d’enfant, gamme appe-