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LA VIE AU HAREM

prétend qu’à Stamboul même, il y a des amants heureux et des maris infortunés.

— C’est possible, mais il y a de bons ménages en Turquie, et peut-être aussi en France.

— Il y en a en France.

— Beaucoup moins qu’en Turquie !

— Quelle idée ! Les Françaises choisissent leur mari ou, tout au moins, sont choisies par lui. Les fiancés se connaissent avant le mariage…

— Ils se connaissent ? — Un sourire d’ironie légère errait sur les lèvres de madame L… pacha. — Ils se connaissent tant que ça ? Ils ne montrent pas une façade apprêtée et trompeuse ?

— Il est vrai que toutes les fiançailles comportent une comédie réciproque, volontaire et inconsciente.

— Allez, vos fiancés de France s’ignorent, tout comme s’ignorent les fiancés turcs. Et ils se marient au petit bonheur.

— Ils ont pourtant l’illusion de la liberté, du choix de l’amour. Cela fait une grande