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LA VIE AU HAREM

devraient attendrir Bédia. Mais celle-ci lui répond que tous ces discours sont de la sophistique, que la femme honnête se contente de manger du pain sec, fruit de son travail.

« Haloula sentait en elle-même combien la femme de son amant lui était supérieure. Elle était anéantie. »

Enfin, à bout de souffrances, Bédia quitte le domicile conjugal et se réfugie chez son frère, en emportant son cher luth. Elle est très malade, et Chémi s’occupe activement de la faire divorcer. Maïl bey, qui n’a plus le sou, demande son changement de garnison et se fait envoyer à Salonique. Mais « une nuit qu’il avait vidé un gallon de raki, il eut une hémorragie par la bouche qui provoqua sa mort ».

Jusqu’ici, cette histoire ressemble à un roman anglais, où des gentlemen et des officiers s’alcoolisent et « vont à la perdition ». Mais l’épisode qui suit est imprévu : Bédia, allant à Constantinople, aperçoit sur le pont du paquebot une dame cossue et riante qui