Page:Tinayre - Notes d une voyageuse en Turquie.djvu/376

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
362
LA VIE AU HAREM

s’approche et se nomme : « Madame Salomon, depuis six mois. » C’est Haloula, rangée et mariée. Elle avoue que la morale de Bédia l’a fait réfléchir. Sa fortune étant déjà rondelette, elle a pu se livrer en paix aux remords… « J’ai voulu devenir honnête. J’ai mis mes affaires en ordre et me suis rendue à Beyrouth. C’est là que je me suis mariée avec un jeune homme de mes parents. Avec ma dot, mon mari a ouvert un bureau. Il fait du commerce, et je suis heureuse autant qu’on peut l’être. » Le mari aussi.

Les malheurs de Bédia ne sont pas finis. Elle perd son frère, et se voit réduite à la pauvreté, elle, sa nièce Mihriban et le fidèle esclave Rustem. Comment subvenir aux besoins du ménage ? Plus de meubles, plus d’effets à vendre ; elle n’avait que son corps lui appartenant. Devrait-elle imiter Haloula ? Elle préférerait mourir.

C’est alors qu’elle commence à enseigner le luth. Sa vertu, son infortune et ses talents inspirent des sympathies chaleureuses, et bien-