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Page:Tinayre - Notes d une voyageuse en Turquie.djvu/399

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LA VIE AU HAREM

hâtives. J’ai oublié sans doute bien des détails intéressants, et j’en ai passé d’autres sous silence, par une discrétion nécessaire — plus nécessaire ici que partout ailleurs. J’ai changé des noms trop connus, j’ai lu des confidences trop dangereuses ; je n’ai pas dis tout, mais je n’ai rien dit qui ne fût strictement vrai. Peut-être mes amis Turcs, dont j’estime les grandes qualités et le sincère désir de progresser, me pardonneront-ils d’avoir souri, quelquefois, au lieu d’admirer aveuglément. On me dit qu’ils sont très susceptibles, très orgueilleux, qu’ils ne comprennent pas l’ironie française, l’ironie pas méchante, qui n’empêche pas la sympathie, qui est le sel même de la louange.

Mais j’ai meilleure opinion d’eux. Ils ne s’offenseront pas de ma franchise. Ils ne se fâcheront pas parce que j’aurai dit la laideur des maisons à l’européenne, des bibelots de pacotille, des suspensions en zinc doré et des canapés Louis XV allemands. Ils ne se fâcheront pas si je déplore les fautes de goût qui sont, paraît-il, la rançon du progrès, si je regrette