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JOURS DE BATAILLE

Anglais » ; l’autre voit déjà les flottes des puissances qui croisent aux Dardanelles ; celui-ci sait, de source sûre, « que le Sultan a des crises de nerfs » ; celui-là assure que le fils favori du monstre, le prince Burnaheddine, est parti pour Corfou : il va demander du secours à l’empereur Guillaume…

Hier soir, les dames avaient très peur que Chefket Pacha et Enver bey ne missent beaucoup de retard à entrer dans la ville, parce que le « vieux d’Yldiz » aurait le temps de préparer un coup de sa façon… Les Kurdes monteraient à Péra !

Les Kurdes ? J’entends parler si souvent de ces Kurdes que je m’étonne… Où sont-ils, ces Kurdes, et pourquoi les craint-on ? Ma naïveté provoque des sourires.

« Heureuse Française qui ignorez les Kurdes ! Ce sont les massacreurs professionnels, les bourreaux d’Arméniens, ceux qui ont ensanglanté Constantinople, et qui, hier encore, brûlaient et dépeçaient des femmes dans Adana… Ce sont ces faux ou vrais débardeurs du port,