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JOURS DE BATAILLE

Il est très cordial, M. Constans, et il prend très bien l’air bonhomme, ce qui ne l’empêche pas de donner, aux uns et aux autres, de terribles coups de boutoir. Quand on le voit, dans son cabinet, épaissi par l’embonpoint, l’œil vague, sous la paupière lourde, la bouche détendue sous la moustache tombante, il semble parfois plongé dans un demi-sommeil ou dans un ennui invincible… Tout à coup, l’œil bleu s’avive, le sourire s’affine, toute la figure rajeunit de vingt ans, et l’accent toulousain donne une saveur spéciale à la malice inattendue qui assomme l’interlocuteur.

Il m’a dit :

— Vous voulez aller au sélamlik ?… Pour voir le Sultan ?… Ne vous pressez pas… S’il n’y est plus, la semaine prochaine, il y en aura un autre… — Il y a toujours des gens pour faire ces métiers-là — Mais cette semaine-ci, je ne conseillerais à personne d’aller au sélamlik… Est-ce qu’on sait ?… Tout se passera bien… oui… possible… mais… mais…

Hé ! il n’a pas l’air si tranquille, notre am-