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Page:Tinayre - Notes d une voyageuse en Turquie.djvu/58

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JOURS DE BATAILLE

aux cornes tordues, aux longs poils raides, des buffles stupides et sculpturaux.

Parfois, une petite place, avec une mosquée blanche, et une fontaine où l’eau captive se plaint derrière une grille d’or ; quelques arbres d’un vert vif et, sur la façade d’un humble café, à frange mauve et le parfum délicat d’une glycine délicieuse.

Tout cela est paisible, si paisible ! De quoi les touristes ont-ils peur ? Pourquoi suis-je presque seule dans cette ville, et pourquoi Moïse jette-t-il sans cesse, autour de nous, des regards méfiants ? Dans ce décor splendide et misérable, sous le soleil langoureux, parmi l’arome épars des glycines, on peut bien oublier qu’une armée campe aux portes de Stamboul et que, demain peut-être, des hommes s’entretueront…

Mais voici des rues plus animées, des rues à boutiques. Les fruiteries ont des courgettes et des artichauts disposés artistement sous des salades en festons ; le limonadier a rempli de rubis et de topazes liquides d’énormes carafes