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ET DE RÉVOLUTION

tour dans la zone dangereuse pour ramasser sa canne et son chapeau… Une seconde balle l’étendit à côté de son camarade.

On avait annoncé la mort de ces deux victimes du devoir professionnel, mais le docteur de Lacombe, chirurgien en chef de l’hôpital, arrive et nous rassure. Les deux journalistes, assez grièvement blessés, ne sont pas en péril, et il leur restera, de cette aventure, un prestige accru auprès de leurs directeurs et de leurs lecteurs… Il faut le dire, à l’honneur de la corporation, tous les reporters présents à Constantinople ont montré une magnifique crânerie, qui leur paraît, d’ailleurs, toute naturelle et dont ils ne tirent pas vanité… C’est le métier qui veut cela.

Le docteur de Lacombe affirme qu’« ils ont été épatants », mais ce qu’il ne dit pas, et ce qu’un confrère bien informé me raconte, c’est que personne n’a été plus « épatant » que lui !… À cinq heures du matin, quand le canon l’a réveillé, il s’en est allé tout droit à l’hôpital français, et sa vieille mère, sans larmes et