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JOURS DE BATAILLE

Stamboul, pour la séance du Parlement. Mais le pont de Galata était barré… Les soldats de Salonique occupent toute la place de Karakeuy, et le petit caracol qui ressemble à un café-concert de province, — genre oriental ! — est rempli de prisonniers. Ce caracol a fait une belle défense, et très meurtrière. Faute de mieux, nous remontons à Péra, et nous allons voir les casernes bombardées.

La plus importante, celle qui supporta le plus rude assaut, est la caserne d’artillerie du Taxim, un vaste bâtiment jaunâtre, construit sur la hauteur qui domine Péra et le Bosphore. Les bourgeois pérotes, endimanchés et placides, traînant des mioches et des bonnes, envahissent les trottoirs et débordent sur la chaussée, malgré les voitures lancées au grand trot, les voitures où des fusils brillent, où se serrent des uniformes gris, bleus ou bruns, où parfois on devine, entre les soldats, la face impassible, les bras enchaînés d’un prisonnier qu’on emmène. Chemin faisant, nous regardons la caserne des pompiers dont les écuries touchent