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ET DE RÉVOLUTION

presque l’hôpital français… Dans ces mêmes écuries, des mutins se réfugièrent qui furent cernés, jetés contre le mur, fusillés et achevés à coups de crosse, avec une fureur sauvage, sous les yeux des religieuses épouvantées… Plus loin, — pendant la seconde attaque, — d’autres mutins, échappés du Taxim, essayèrent de s’enfuir du côté de l’église grecque en escaladant des murs. Mais les soldats macédoniens les pourchassèrent comme des bêtes forcées. À peine un de ces malheureux se hissait-il sur la crête de pierre, qu’une balle l’abattait, et les corps qui ne glissaient pas demeuraient suspendus, jambes et bras ballants, misérables marionnettes disloquées…

C’est la guerre… Les témoins de ces scènes les rapportent sans surprise et presque sans émotion. Ils en ont vu bien d’autres, en ce pays où l’on brûle, égorge, dépèce des milliers d’Arméniens, tous les deux ou trois ans. La vie humaine ne paraît pas une denrée précieuse et qu’il faille ménager. Les attendrissements philanthropiques, les déclamations pacifistes ne