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Page:Tinayre - Notes d une voyageuse en Turquie.djvu/94

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JOURS DE BATAILLE

poussent des voitures de bébés, tous s’écartent un moment, le nez en l’air, puis, reprennent leur promenade flâneuse. Des gens, munis de lorgnettes, regardent de l’autre côté du Bosphore, sur le revers de la montagne où se dressent des coupoles blanches et des cyprès obscurs… La caserne Sélimié, bâtisse jaune comme le Taxim, domine Scutari. C’est le dernier asile des troupes réactionnaires.

Que se passe-t-il, là-bas, et là-bas, à notre gauche, dans ce pli de vallon moutonnant d’épaisses verdures, qui recèle les kiosques mystérieux d’Yldiz ?

On regarde… On attend… Quoi ?… La fumée blanche, le fracas d’une canonnade ?… Mais tout est calme, sous le ciel infini, dans l’immense paysage panoramique. Et la seule clameur qui s’élève, c’est, dans un petit café, parmi les figuiers et les vignes, l’hymne de la Constitution, cuivré, nasillard, déchiqueté par un phonographe.