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Page:Tinayre - Notes d une voyageuse en Turquie.djvu/96

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JOURS DE BATAILLE

nous jetterons un regard dans la rue déserte où brillent les baïonnettes des sentinelles, où rôdent les patrouilles silencieuses… La rue appartient aux soldats seulement, et aux grands chiens jaunes, qui fouillent les détritus amoncelés devant les portes. Les patrons des cafés se désolent, et l’on prétend que les demoiselles fardées, à jupes courtes et à chapeaux extravagants, fleurs nocturnes des trottoirs de Péra, protestent contre l’état de siège…

Les communications entre Péra et Stamboul sont rétablies, et je suis allée aujourd’hui au Vieux-Sérail pour visiter les deux musées.

Ce Vieux-Sérail, à l’extrême pointe de la ville, baigné par la Corne d’Or et la Marmara, contient presque toute l’histoire de l’ancienne Turquie, du xve siècle au xixe siècle, de Mahomet II à Mahmoud II. C’est, dans une enceinte flanquée de tours carrées, sur l’emplacement de l’acropole de Byzance, un chaos de palais, de jardins et de terrasses, où l’on peut évoquer, sans sourire, la Turquie de Byron et de Hugo.