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ET DE RÉVOLUTION

Les événements actuels rendent plus émouvant ce pèlerinage.

Près d’une fontaine charmante, en marbre ciselé dans le style de Versailles, au toit presque japonais, aux grilles d’or, s’élève la terrible porte Auguste (Bab-i-Houmayoun) que domine une inscription sur un cartouche noir, une sorte de dédicace faite à Allah par le Conquérant. Et de chaque côté, dans les niches ogivales, on accrochait les têtes des vizirs qui avaient cessé de plaire… Mais quand on franchit cette porte, la « sensation d’Orient » s’évanouit… Au fond de la cour des Janissaires, qui est une sorte de terrain vague, entre les bâtiments de la Monnaie et l’église byzantine de Sainte-Irène, on aperçoit des murs crénelés, deux tourelles à poivrières, en pierres rousses sous le ciel d’un bleu de bluet… C’est presque une cité moyenâgeuse de notre Midi, un fragment non restauré de Carcassonne. Dans cette cour, le fameux platane des Janissaires, fendu par la foudre et demi-mort, se couvre de tendres feuilles naissantes. Des soldats campent autour,