Page:Tinchant - Les Fautes, Sérénités, 1888.djvu/7

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et sot. Voici comment, le quatrième jour, quand le héros de cette étrange idylle regarda Jeanne, en dépit de sa fierté, de sa chair encore endormie, toute pâle, elle lui sourit, avec un mélange d’effarement et de tendresse auquel il ne put se méprendre. Il s’enhardit jusqu’à lui causer. Elle lui répondit. Des paroles on en vint aux baisers. Un soir, il s’introduisit dans la chambre. Après une brève défaillance, la jeune fille se défendit si vaillamment que le séducteur repoussé dans la tentative suprême fit la moue et ne se montra plus.

Jeanne fut inconsolable. Vainement les parents, étonnés de ses larmes, s’empressèrent à la distraire. Les jolis messieurs élégants, les valseurs émérites qui ne connaissent point de rivaux dans les soirées ne fixèrent point l’attention de la pauvre désespérée. Elle ne se dissimulait guère la supériorité de ceux-là sur le grotesque qui la faisait ainsi se lamenter. Trop tard ! le deuil exaspérait la passion naissante. En dépit de tout et de tous, elle serait à jamais à son étrange fiancé.

Lorsque celui-ci, las de bouder, désireux par orgueil d’une bonne fortune si imprévue, sollicita son pardon, sans fausses réticences, librement, Jeanne éperdue s’abandonna.

On consentit l’hymen par crainte du scandale.

De fait, ils ne tardèrent pas à s’exécrer, n’eurent pas d’enfants et sont effroyablement malheureux.

C’est une histoire très logique.