Page:Tiphaigne de la Roche - Sanfrein, ou mon dernier séjour à la campagne, 1765.djvu/18

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serait; erreur, cela ne passa point, et son dégoût persista. Voilà donc Sanfrein sans plaisirs, sans habitudes et qui ne tient à rien. Jamais il ne fut si fou, que quand il se proposa fermement d’être sage ; et jamais il ne fut si sage que quand il se proposa d’être fou. Il était ainsi fait, et bien des gens lui ressemblent : Dieu prenne en bonne part leur amendement. Autrefois Abbé libertin qui s’amusait de tout; aujourd’hui Laïque sensé qui s’ennuie. Sanfrein, qui plus que jamais a le temps de faire des réflexions, en fait de très profondes sur la nature, et le peu de solidité des plaisirs des sens, et conçoit qu’il n’est d’autres ressources pour lui que n’est d’autres que les plaisirs de l’esprit, les Sciences et les Beaux-Arts. Il se prit donc d’une belle passion pour les Peintres, les Musiciens, et