Page:Tiphaigne de la Roche - Sanfrein, ou mon dernier séjour à la campagne, 1765.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

est délicieux, mais il ne pouvait se le persuader. Son corps amaigri et fluet, semblait se perdre en longueur, et ne conservait de substance que celle que l’abus des plaisirs n’avait pu lui enlever. C’était comme la carcasse d’un feu d’artifice tiré du jour précédent. Il était une heure après-midi; Sanfrein avait jeûné; la faim le pressait: il entra, fut accueilli et caressé. On le mit à table, c’était un vendredi, on servit en gras et en maigre. On peut bien penser que Sanfrein ne balança pas à prendre son parti; il n’avait encore touché à rien qui pût rompre l’abstinence, il n’avait pas même été tenté, et il n’était fâché de n’avoir pas eu ce mérite-là, lorsqu’on servit le rôt, et, entre autres pièces, deux perdreaux des plus appétissants. C’était dans la nouveauté; Sanfrein n’en avait point encore vu de l’année;