Page:Tissandier - La navigation aerienne 1886.djvu/52

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Groundvolet ou de Battingdrigg n’ait suggéré l’idée de la voiture volante dont nous allons rendre compte. On a lu dans les affiches d’Orléans une lettre de M. Desforges, chanoine de l’église royale de Sainte-Croix d’Étampes, qui dit « avoir inventé une voiture volante, avec laquelle on pourra s’élever en l’air, voler son gré à droite ou à gauche ou directement sans le moindre danger (fors de tomber seulement comme il en a fait l’expérience) et faire plus de cent lieues de suite sans être fatigué ».

Il ajoute que « Quand on aura le vent bon, on pourra faire au moins 50 lieues par heure, 24 par un temps calme et 10 par un vent contraire. Il propose de s’engager par acte devant notaire de livrer une de ces voitures à ceux qui désireront en avoir pour la somme de cent mille livres qui seront déposées chez le même notaire, il s’oblige d’en faire l’essai lui-même en présence de l’acquéreur. Cette curieuse découverte n’a pas été plus tôt répandue par les papiers publics, qu’un particulier de Lyon, s’adressant directement à l’auteur, lui a marqué que les cent mille francs étoient prêts et qu’il l’attendoit avec sa voiture. Sur un avis si positif, M. Desforges, après avoir mis la dernière main à sa machine, se dispose à partir. Il s’y embarque et la fait élever de terre, par quatre hommes, à une certaine hauteur, pour prendre son vol ; mais soit maladresse de ses aides, soit dérangement de quelque ressort, soit défaut de vent, le char volant, au lieu de s’élancer en haut, vole à rebours, comme le coursier de la Dunciade, et précipite son Phaéton. Comme ce char n’avait pu prendre l’essor, la chute n’a pas été périlleuse. M. Desforges en a été quitte, à ce qu’on nous a dit, pour quelques contusions, plus heureux que le marquis de Bacq, qui voulant voler comme Icare, avec des ailes artificielles, mais plus solidement attachées, se cassa la cuisse. Le vol est une vraie natation ; mais le fluide imperceptible, dans lequel l’oiseau rame avec