Page:Tissandier - La navigation aerienne 1886.djvu/53

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ses ailes (ou ses nageoires à tuyaux) n’a pas à beaucoup près la consistance de l’eau, dont toute la surface a des points d’appui.

L’air n’est donc navigable aux volatiles que par la vitesse et la légèreté de leurs mouvements ; or quels ressorts faits de main d’homme pourront jamais les égaler ? La colombe d’Archytas, colombe mécanique, s’élevoit peut-être assez haut, et voloit sans doute, dans une durée de temps déterminée, par celle de l’action du rouage, ou des autres ressorts, mais comment se remontoit-elle, ou, quel que fût le principe de son mouvement, jusqu’où se souteuoit son vol ? C’est ce qu’on nous laisse à deviner. Si dans le vaste océan de l’air, comme sur celui qui nous est familier, c’est le vent qui doit suppléer aux rames, qu’est-ce qui pourra suppléer au vent, dans ces calmes soudains où l’air, sans la moindre agitation, fait à peine frémir une feuille. Il ne paroît que deux moyens à mettre en œuvre, pour une machine volante, l’air et le feu, il faut nécessairement employer l’un ou l’autre de ces deux ressorts.

Tout l’art de l’horlogerie, qui pour calculer le mouvement le plus insensible et pourtant le plus rapide de tous (celui du temps comme nous l’appelons) est aujourd’hui porté si loin, ne trouvera jamais de ressorts qui puissent représenter ceux-là. Mais si l’on parvenoit enfin à faire voler, hommes ou machines, il y auroit peut-être autant d’art à les faire abattre à leur gré, et le vol nous surprendroit encore moins que la descente.

Du mercredi 28 octobre 1772.

Suite de la voiture volante. — L’inventeur de cette curieuse machine est, dit-on, un homme de quarante-neuf ans dont la santé est ruinée par des travaux et des fatigues extraordinaires. C’est pour cela qu’il invitoit les curieux à se presser, et qu’il indiquoit sa demeure à Étampes, rue de la Cordonnerie. Voici l’idée