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Page:Tissot - La Capucinière, ou le bijou enlevé à la course, 1820.djvu/42

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La Capucinière.

Et certes là nous pensons autrement
Que lorsqu’ici nous jouons notre rôle.
J’ai, comme vous, aimé le cotillon ;
Dans mon printemps j’étais un bon luron,
Je préférais faire la rocambole
A l’abstinence, à ce jeûne fatal,
Qui m’a sitôt conduit en l’autre monde.
Mais, dans les bras d’une petite blonde,
Ayant gagné je ne sais trop quel mal,
Je fis le vœu d’être un saint personnage ;
(Voyez à quoi tient notre sainteté !)
Et je le fus, soit dit sans vanité.
Mais à présent, ah ! combien j’en enrage !
Que je maudis mon imbécilité !
J’aurais pu vivre au moins quelques années,
Je n’ai joui que de quelques journées !
Je fus un sot ; il n’en faut plus parler.
Le Paradis devrait m’en consoler,
Me direz-vous. Vraiment, belle fadaise !
Que fait-on là ? L’on admire Jésus,
On bâille, on dort, on s’ennuie à son aise ;
Mais l’on se dit : Nous sommes les élus.