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Page:Tissot - Principes du droit public, 1872.djvu/59

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exceptionnelle avec mission, grâce et autorité gouvernementale, que la Providence ferait surgir et maintiendrait tant qu’il lui plairait, mais toujours d’une manière occulte, quoique par des moyens souvent visibles. Les peuples n’auraient aucun droit soit d’en changer, soit d’en finir avec elles toutes. Cette théorie s’accorde si difficilement avec le côté providentiel des révolutions et des changements de dynasties qu’on ne voit plus comment ceux qui la professent peuvent sans contradiction et sans impiété conserver au principe de légitimité une vertu de droit qui survive aux bouleversements politiques. Si les révolutions sont comme des coups d’état du Ciel, dans son gouvernement invisible des choses humaines, de quel droit les partisans mystiques des puissances violemment renversées pourraient-ils encore raisonnablement croire que Dieu continue d’être avec eux et pour eux contre ceux qu’ils appellent révolutionnaires et usurpateurs ? Au nom de quoi pourraient-ils encore faire appel à ce qu’ils estiment leur droit ?

Cette école, historique et théologique à la fois, se rattache à la tradition biblique et à la doctrine de saint Paul. Filmer et Bossuet en ont été les principaux organes au XVIIe siècle, Sidney et Locke les plus décisifs adversaires au XVIIIe siècle, et B. Constant au XIXe. M. Zœpfl fait remarquer avec raison que, comme doctrine, elle remonte aux sophistes grecs, qui subordonnaient la justice à la force.

Suivant la théorie mystique du droit divin, le pouvoir étant une délégation de Dieu, il est naturel que